Qui serions-nous...sans nos blessures?

Peut-on prétendre croire en Dieu sans croire en soi – si peu que ce soit ?

Là est le vrai débat : s’accepter, s’aimer soi-même, humblement et fermement…

Il est si courant de mal se supporter, voire même de se détester.

Si nous étions frères et sœurs, nous saurions respecter la difficulté des autres à s’aimer eux-mêmes, nous serions sans arrière-pensées devant les échecs qui ont parfois le visage d’un secret douloureux.

Nous saurions respecter davantage distance et différence, chemins obligés pour une possible rencontre.

Quant aux désespoirs, si souvent pris pour des lâchetés, qu’en savons-nous ? Ceux qui l’ont vécu ont seuls le droit d’en parler. Mais ils se taisent, car leur soif est sans remède et leur appel sans écho, la vie ne saurait combler l’ampleur d’un désir que rien n’a jamais su tromper.

 

Peut-on aimer la Vie – aimer tout court – sans être un « blessé » ?

Les blessures sont des brèches indispensables à l’irruption de la vie. C’est en elles-mêmes qu’on ose s’approcher de ceux qui souffrent. Leur braise ardente ne permet pas que se refroidisse l’amour et que d’autres soient condamnés à mourir de froid. Elles font que les victimes seront toujours plus humaines que leurs bourreaux. Nous ne cesserons plus grâce à elles d’être « capables de pardon ».

Et si les êtres disgraciés étaient ceux qui n’ont jamais souffert ?

Par mes propres blessures, je sais que personne n’est jamais un être « fini » ! Car c’est aussi du côté du terme que sont les vrais commencements.

 

D’après Paul Baudiquey