La paix aurait pu être une fleur sauvage.
De ces fleurs de champs que nul ne sème ni ne moissonne.
La paix aurait pu être une de ces fleurs des prés,
que l'on trouve toute faite un beau matin,
au bord d'un chemin, au pied d'un arbre, ou au détour d'un ruisseau.
Il aurait suffi de ramasser la paix
comme on ramasse les champignons ou
comme on cueille la bruyère ou la grande marguerite.
Au contraire la paix est un travail,
c'est une tâche.
Il faut faire la paix comme on fait le blé.
Il faut faire la paix, comme il faut
des années pour faire une rose
et des siècles pour faire une vigne.
La paix n'existe pas à l'état sauvage:
il n'y a de paix qu'à visage humain.Jean Debruynne